tel-05325223 Les syndicats face aux restructurations avec suppressions d'emplois : de (…)

Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à définir et à déployer des projets de restructuration pour faire face aux conséquences économiques et sociales induites par les évolutions de leur environnement économique (restructuration de crise) ou pour anticiper ces évolutions (restructuration de compétitivité). Présentées bien souvent comme étant inévitables, les syndicats n’acceptent pas pour autant de façon mécanique les suppressions d’emplois qui accompagnent habituellement ces restructurations. En fonction de l’étendue de leurs ressources de pouvoir, ils ont plusieurs manières d’y répondre. Plus le niveau de ressources de pouvoir détenu est élevé plus leur niveau d’implication dans le processus de restructuration l’est. A contrario, plus le niveau de ressources de pouvoir est bas, plus le niveau d’implication est bas (Bacon & Blyton, 2004; Dupuis, 2020a; Lévesque & Murray, 2005; Pulignano & Stewart, 2012). Toutefois, dans un contexte de déclin du syndicalisme, il leur est de plus en plus difficile de mobiliser ces ressources ; d’où l’intérêt de continuer à s’interroger sur les leviers à activer pour (re-)construire leurs ressources de pouvoir en diminution. En privilégiant une entrée par le discours et en faisant le choix d’articuler la Perspective du cadrage appliquée aux mouvements sociaux (Snow et al., 2018) et l’Approche des ressources de pouvoir (Schmalz et al., 2018), nous avons cherché à voir par quels mécanismes les ressources de pouvoir de l’intersyndicale UES Next ont été construites au fur et à mesure que ses cadres de l’action collective étaient diffusés. À partir principalement d’une analyse critique du discours des différentes parties prenantes impliquées dans le projet de restructuration de NRTV, un groupe audiovisuel français, nous avons identifié six mécanismes dans lesquels s’est inscrite l’intersyndicale pour construire ses ressources de pouvoir. À la différence des travaux conditionnant le niveau d’implication des syndicats à l’étendue de leurs ressources de pouvoir, les résultats de notre étude mettent l’accent sur une agentivité syndicale non pas uniquement prédéterminée, mais aussi productrice de ressources de pouvoir.